lundi 16 janvier 2017

Les 2 voies du bio en Ile-de-France


Le bio moins cher mais en IdF mais à quel prix ?

Dans les supermarchés nous voyons de plus en plus de fruits et légumes bio. Ce engouement pour le bio réchauffe notre cœur d’amapien et le fait que le conseil régional et les chambres d’agriculture soutiennent ce développement nous semble une bonne chose. Malheureusement les outils financiers et la règlementation mis en place ont des effets négatifs sur le mode de production et la qualité des produits. Explications par Richard.
 
 
Les deux voies du bio en Ile de France. Depuis deux ans environ le monde agricole du bio en Ile-de-France connaît une dichotomie. D’un coté nous trouvons les agriculteurs qui travaillent artisanalement et de l’autre ceux produisent du bio à une échelle quasiment industrielle en se servant de modes de production industriels. Cette tendance est survenue suite à l’adoption du PCAE (Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations agricoles). Il s’avère désavantageux pour une agriculture paysanne et de proximité et nuit par conséquence à la biodiversité, à la qualité des produits agricoles biologiques et la création d’emploi de proximité.
 
Tout commence en 2015 avec le PCAE. L’objectif était d’augmenter le volume et baisser le coût de la production agricole biologique en Ile-de-France pour répondre à une demande croissante et développer le marché. La chambre de l’agriculture en IdF décide alors de mettre en place un PCAE - Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations agricoles. Il a entre autre, pour objectif d’accompagner les investissements faits pour améliorer la performance économique et environnementale des exploitations agricoles, d’accroître l’efficacité de la commercialisation des produits agricoles, de fournir les infrastructures nécessaires, et de soutenir les investissements bénéfiques à l’environnement du territoire.
 
L’industrialisation du bio. Pour augmenter la production le PCAE favorise les investissements dans du matériel neuf. Le plan organise une mise en concurrence des producteurs bio ce qui fait baisser les prix de vente de la récolte. Sous le PCAE aucune subvention n’est prévue pour les embauches, ni pour l’achat d’un matériel d’occasion.
Cette situation favorise les céréaliers parmi les agriculteurs bio car leur métier permet d’investir dans des machines qui augmentent la production. Les maraichers, en revanche, ont d’avantage besoin d’embaucher plus de salariés pour augmenter leur volume.
Les maraichers ont alors une décision difficile à prendre pour suivre: limiter les coûts et augmenter la production en réduisant le nombre de variétés dans les champs. Ils sont contraints de se limiter à celles qui sont facilement cultivables, et (bien sûr) commercialisées par les grands semenciers donc hybrides.
 


 Moins cher mais à quel prix ? Dans ce mouvement d’industrialisation l’agriculteur peut aller encore plus loin pour augmenter le volume de production. Il peut se servir de traitements certes autorisés sous le label bio mais pas du tout artisanal comme la Spinosad (sur les poireaux par exemple). Ce traitement tue les nuisibles mais également les auxiliaires utiles et même indispensables comme les abeilles. Par conséquent l’agriculteur est obligé de racheter et réintroduire les auxiliaires ! Il a certes réduit ses coûts et augmenté sa production, mais n’est plus artisanal, a réduit la biodiversité par la choix des semences et les produits qu’il utilise. Et puisque il n’a pas les moyens financiers d’embaucher, il n’a pas non plus créé d’emplois de proximité.  
Le PCAE atteint peut être son objectif d’augmenter les volumes mais pousse les agriculteurs bio vers un mode de production industriel, à l’opposé du fonctionnement d’une exploitation comme celle de Richard qui travaille pour une agriculture bio, paysanne, de proximité et dans le respect de la nature.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Surtout, Richard, reste un artisan du bio. On est là pour te soutenir. Merci de nous nourrir.